Hommages aux mineurs et au Bassin minier du Nord-Pas de Calais
- Les élu·e·s socialistes des Hauts-de-France
- 2 oct. 2024
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A l’occasion du vote d’une subvention à la ville de Liévin pour la commémoration du cinquantième anniversaire de la catastrophe de Saint-Amé, Serge Marcellak et Samia Sadoune ont tous deux rendu hommage aux mineurs, à leur famille et plus généralement à l’ensemble du Bassin Minier.
Serge Marcellak :
« La mine et l’extraction du charbon ont façonné nos paysages et notre économie, bien au-delà du Bassin miner.
Sans la présence du charbon, la sidérurgie et la métallurgie se seraient-elles implantées dans notre Région ? Sans la fin de l’extraction programmée du charbon, les stratégies d’aménagement du territoire auraient elles inscrits l’industrie automobile dans le paysage industriel de notre région ? Je ne le pense pas.
Mais si la mine et le charbon restent inscrits dans les paysages du Bassin minier, leur souvenir s’estompe petit à petit des mémoires de ses habitants comme de ceux du reste de la Région.
Ainsi, si on se souvient parfois qu’ils furent le théâtre d’actes de résistance pendant la guerre ou qu’ils ont permis le redressement de la France d’après-guerre, on oublie souvent les conditions vie qui y régnaient.
SI on se souvient de l’emploi, on se souvient de moins en moins de la rudesse du travail.
Si on se souvient de la possibilité de faire vivre sa famille, on se souvient moins des risques d’y perdre la vie.
La catastrophe de Liévin, dans le quartier de Saint-Amé, a été la plus grande catastrophe de l‘après-guerre. Elle fit 42 morts alors que les mineurs reprenaient le travail, le 27 décembre 1974, à 6h19 du matin, après 4 jours de fermeture pour Noël. 140 enfants des corons ont perdu leur père.
42 morts, non du fait de la fatalité, comme on avait tendance à le dire facilement, mais à cause de négligence dans la maintenance des appareils de mesure du grisou, comme le démontrera le procès qui a eu lieu en 1981, 7 ans après.
Pour la première fois, une entreprise publique, la Société des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais », fut déclarée civilement responsable et condamnée, même si le jugement ne fut pas confirmé en appel.
En mémoire des 42 morts de 1974, l’horloge de l’église Saint-Amé continue de marquer l’heure du drame, 6h19.
En mémoire de ces 42 mineurs, chaque année, Liévin se souvient et commémore la Catastrophe, lors d’une cérémonie d’hommage.
Cette année, cela fera 50 ans, et la commune a souhaité inscrire cet événement davantage encore dans le paysage de la ville avec notamment une exposition extérieure pérenne.
Le Bassin Minier n’est plus cet Enfer-les-Mines dépeint par Aragon.
Il est en passe de réussir sa mue, et se réinvente.
Mais il lui faut aussi entretenir le souvenir, et la subvention que la Région apporterait à la ville de Liévin, et qui s’ajouterait à celle du département et de la communauté d’agglomération, lui permettront d’entretenir cette mémoire pour les générations qui viennent.
Nous voterons donc en sa faveur, et vous encourageons à en faire autant.
Samia Sadoune :
« N’oublions jamais que l’exploitation charbonnière, dans le Nord de la France, dans les Hauts de France, a été non pas un, mais le moteur essentiel à l'industrialisation de notre Pays, elle a généré des milliers d’emplois, directes-indirectes et a permis le développement des infrastructures routières, ferrées, portuaires, encore utilisées aujourd’hui pour une majorité d’entre elles.
Les grandes heures de l’industrie française n’auraient pas été possibles sans ces Hommes et ses Femmes qui ont écrit cette histoire de la Révolution industrielle, les mineurs, mais n’oublions jamais dans quelles conditions et ce que nous leur devons.
D’Anzin, de Denain, de Courrières ou de Bruay, tous ont risqués leurs vies à l’ouvrage.
À Liévin, le 27 décembre 1974, à 06h19, 2 jours après Noël, alors que la ville dort, c’est par une explosion et au son des sirènes criantes qu’elle est réveillée. Cela se passe à la Fosse 3b, une équipe descend au fond… 42 victimes, 42 gueules noires, la seule couleur de peau qui caractérisait cette corporation, « Français ? Gueule noire ! Polonais ? Gueule noire ! Marocain ? Gueule noire… » C’était la France, et c’est unis, comme ils l’étaient au fond, dans le chagrin et la douleur, que les familles de ces Gueules noires ont reçu la tragique nouvelle.
Nous avons le devoir de continuer à œuvrer pour un avenir où la sécurité et la dignité au travail doivent rester des droits inaliénables, où l’intérêt collectif et le vivre ensemble doivent perdurer.
Monsieur le Président, Madame Dorchy, Mme Finez, merci de votre présence systématique lors de cette commémoration.
Chers collègues, Un grand merci !
Merci, pour la mémoire et le respect que nous leur devons, de nous permettre, ensemble, par cette délibération, de rendre hommage à ces 42 mineurs disparus dans la catastrophe de Liévin du 27 décembre 1974, à l’ensemble des Mineurs du Nord-Pas-de-Calais et bien plus largement mettre à l’honneur une corporation toute entière aux quatre coins du Monde.
Pour un avenir éclairé, sachons regarder un sombre passé !
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